Demande de clarification rapide au sujet des loups hybrides en France

Lettre ouverte au Ministre de la Transition Écologique et Solidaire M. Hulot et au Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation M. Travert

Vous n’êtes pas sans savoir que la question des hybrides entre chiens et loups provoque actuellement bien de l’inquiétude et du désarroi en France parmi les éleveurs. Combien sont-ils ? Sont-ils non-protégés, comme l’a affirmé le 21 novembre à Bruxelles Marco Cipriani, représentant de la DG ENV, Commission Européenne, à l’occasion du Groupe de dialogue civil de la filière ovine ?

Comme tous les Français, nous disposons de deux expertises aux conclusions plus que contradictoires et vis-à-vis desquelles nous ne savons que penser :

  • La première, réalisée par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, rendue publique le 13 septembre 2017, fait état de seulement 1,5% d’animaux concernés par de l’hybridation récente avec des chiens (F1 ou F2) et 6% par de l’hybridation plus ancienne ; elle confirme par ailleurs que les loups présents en France sont d’origine italienne (partie de sous-population « alpine » selon le WWF et l’UICN)
  • La seconde, réalisée sous forme d’auto-saisine par un collectif d’éleveurs et d’élus, avec l’aide d’un laboratoire de génétique allemand, rendue publique le 22 novembre, réfute catégoriquement la première expertise de l’ONCFS, affirmant que la totalité des loups sont en réalité des hybrides et qu’aucun d’entre eux ne serait d’origine italienne, suspectant ainsi des lâchers illégaux et un statut non couvert par la législation en vigueur en matière de protection de l’espèce Canis lupus lupus

Au vu de la grande confusion engendrée actuellement par ces expertises aux conclusions non concordantes, la seconde remettant vivement en question le statut de protection actuel des loups présents en France, nous vous demandons de bien vouloir soumettre au plus vite leurs contenus (démarches d’échantillonnages, méthodes d’analyses, bases de données de référence, traitements statistiques, etc.) à évaluation par un ou des laboratoires du Service public, spécialisé(s) en génétique animale et non impliqué(s) dans la controverse (Écoles vétérinaires, INRA ou Cnrs…). Nous attendons que ces résultats soient rendus publics, et dans une forme intelligible par des non spécialistes.

Seul un retour rapide de votre part sera susceptible de lever les actuelles suspicions et de répondre au désarroi généré parmi les éleveurs.

Veuillez agréez ici, Monsieur le Ministre, l’assurance de mes respectueuses salutations.

La Présidente de la Fédération Nationale Ovine

Michèle BOUDOIN