Publié au Quotidien « Libération » du 13 Octobre 2014

Nos paysages emblématiques de montagnes, collines, bocages et marais sont constitués d’une mosaïque de milieux façonnés au fil des siècles par les pratiques paysannes. La vitalité de ces espaces de plus en plus appréciés par nos sociétés urbanisées se dégrade rapidement quand ils ne sont plus entretenus, par le pâturage des troupeaux notamment. Or, en de nombreuses régions, les troupeaux subissent l’assaut des loups. Que faire ? La gravité de la situation plaide pour l’adoption de mesures d’urgence, sur le terrain comme dans le domaine réglementaire.

Jugés en péril en Europe, les loups y sont une espèce strictement protégée. Dans le Grand Nord américain comme eurasien, ils sont considérés comme « espèce clé de voûte » des écosystèmes, indicatrice d’une nature redevenue ou restée sauvage. En France, où la géographie et l’histoire sont bien différentes, les loups manifestent leur comportement opportuniste. Selon les occasions, ils négligent leur fonction de « régulateur » d’animaux sauvages, affaiblis ou malades, et s’attaquent fréquemment aux troupeaux d’élevage en parfaite santé. Paradoxalement, c’est l’élevage pastoral, l’une de nos agricultures les plus respectueuses de la biodiversité, reconnue en outre comme productrice d’une variété de services écosystémiques, que les loups parés du statut de protection stricte menacent de faire disparaître.

Depuis 1992, des directives européennes s’emploient à promouvoir la gestion des milieux agropastoraux, qui ont résisté à la banalisation des paysages et à l’artificialisation par l’agriculture conventionnelle. De fait, nombre d’espèces remarquables y ont trouvé refuge : bartavelle, lagopède, bouquetin, gypaète… Les mosaïques de pelouses, landes et prés-bois, entretenues par le pâturage offrent et renouvellent toutes sortes d’aménités pour qui apprécie aussi plantes à fleurs, insectes, reptiles et batraciens. Cette biodiversité est également domestique, avec, parmi d’autres, les brebis Raïoles, Brigasques et Mourerous, les chèvres du Rove et du Poitou, que les éleveurs s’évertuent à conserver. Dans les Parcs nationaux comme régionaux, dans les réserves comme dans la nature ordinaire, la préservation des biodiversités sauvage comme domestique est un unique et même combat.

L’enjeu est devenu national. Installés partout dans les Alpes, les loups ont désormais gagné le Jura, les Vosges, l’est des Pyrénées, ils arrivent en Ardèche, en Lozère, dans le Cantal et l’Aveyron, les plaines lorraines et champenoises. Les décomptes officiels, en 2014, font état de vingt-sept meutes, dont les deux tiers dans les Alpes du Sud. La population est aujourd’hui de 300 loups adultes dans plus d’une vingtaine de départements, avec une croissance de 20 % par an. Chaque année, les pertes officielles font état de vingt à vingt-cinq brebis ou chèvres tuées en moyenne par loup adulte, ce qui est considérable. Les attaques s’étendent aux génisses, veaux et chevaux. Elles se déroulent en alpages, mais aussi sur des landes et coteaux en vallées, en sous-bois, et jusque dans des prés.

Comment en est-on arrivé là ? Doit-on imputer ce flux croissant des pertes à l’inertie des éleveurs ? Ce serait leur faire injure. Dès 1994, des mesures de protection étaient proposées aux éleveurs et bergers. Ceux-ci les ont mises en œuvre. Dans les Alpes, ils ont acquis plus de deux mille chiens de protection. Les bergers se sont astreints, autant que possible, à ramener chaque soir leurs troupeaux en parcs électrifiés, des aides-bergers ont renforcé les surveillances. Ces mesures se sont-elles révélées efficaces ? Il y eut une accalmie entre 2006 et 2009. Mais depuis, rien ne va plus ! Malgré une protection accrue, les pertes ont doublé en quatre ans…

Éleveurs et bergers ont adapté leurs pratiques, mais les loups aussi et, visiblement, ils sont en passe de l’emporter. En dépit des chiens de protection, ils attaquent désormais de jour comme de nuit. Plus préoccupant, on constate que la présence humaine ne les dissuade plus. Les loups ont perçu le bénéfice de réitérer leurs attaques sans risque, y compris aux abords des routes comme des habitations. C’est un changement de comportement qui était prévisible. Il est connu depuis longtemps aux États-Unis, dans et aux abords des Parcs nationaux, où les gestionnaires luttent au quotidien contre les effets pervers de la protection intégrale des espèces. Inciter la grande faune à conserver un comportement sauvage dans nos pays exige une régulation attentive, vigoureuse parfois.

Une conclusion s’impose : les dispositifs de protection les plus élaborés ont été dévalués en peu d’années. Diverses techniques complémentaires sont proposées, fusées éclairantes, générateurs d’ultrasons, drones sonores… Elles effarouchent plus sûrement les troupeaux que leurs prédateurs. Les loups sont intelligents et inventifs. La stratégie européenne de coexistence des activités d’élevage et de ce grand prédateur protégé a échoué, elle doit être remise en question. Au-delà des coûts financiers, les enjeux écologiques et humains s’amplifient et demeurent indissociables.

La France s’est engagée auprès de l’Unesco à préserver les paysages culturels de l’agropastoralisme des Causses et des Cévennes inscrits au Patrimoine mondial de l’Humanité. En Cévennes comme partout ailleurs dans l’hexagone, le repli des activités pastorales provoquera l’enfrichement et la dégradation des habitats d’une kyrielle d’autres espèces protégées. Cette perspective n’appelle évidemment pas au statu quo : les paysages sont vivants, leurs acteurs n’ont pas cessé d’évoluer. Certaines associations qui prônaient la « cohabitation » hier réclament aujourd’hui le repli de l’élevage pastoral. Or, notre pays n’est pas le Wyoming ou le Montana. Éleveurs et bergers de France ne méritent pas d’être disqualifiés, dépossédés. Passionnés, inspirés par le respect du vivant, ces hommes et ces femmes se sont engagés dans des métiers exigeants, modestement rémunérateurs.

Est-il encore temps de redessiner un avenir pour ces campagnes ? D’empêcher l’éviction de paysans qui s’emploient à fabriquer des produits locaux de qualité, tout en faisant vivre des paysages diversifiés et accueillants ? Peut-on, encore, inciter les loups à rester « sauvages » en leur signifiant de conserver leur distance avec les activités d’élevage ?

Nos sociétés ont besoin d’écosystèmes et de paysages diversifiés. Nombre d’entre eux fonctionnent et se renouvellent grâce au méticuleux travail des bergers et éleveurs. La situation devenant pour eux intenable, un patrimoine majeur est en passe d’être sinistré par les loups. Une véritable régulation s’impose. Il est bien tard. Peut-être n’est-il pas trop tard.

 

Signataires

Gilles Allaire, économiste, directeur de recherche à l’INRA

Gérard Balent, écologue, directeur de recherche à l’INRA

Olivier Barrière, juriste de l’environnement et anthropologue du droit, chercheur à l’IRD

Claude Béranger, zootechnicien, directeur de recherche honoraire à l’INRA, membre de l’Académie d’Agriculture de France

Jean-Paul Billaud, sociologue, directeur de recherche au CNRS

Jean-Luc Bonniol, anthropologue, professeur émérite à l’Université Aix-Marseille

Anne-Marie Brisebarre, anthropologue, directrice de recherche émérite au CNRS, Collège de France et EHESS

Bernard Denis, vétérinaire, professeur honoraire à l’École vétérinaire de Nantes, membre de l’Académie d’Agriculture de France

Vinciane Despret, philosophe, maitre de conférence à l’Université de Liège

Christian Deverre, sociologue, directeur de recherche à l’INRA

Jean-Pierre Digard, anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS, membre de l’Académie d’Agriculture de France

Laurent Dobremez, agronome, chercheur à l’Irstea

Jean-Claude Duclos, ethnologue, conservateur honoraire du Musée dauphinois

Laurent Garde, écologue, ingénieur au Centre d’Études et de Réalisations Pastorales Alpes Méditerranée

Alfred Grosser, professeur émérite des Universités à Sciences Po.

Laurent Hazard, agroécologue, directeur de recherche à l’INRA

Bernard Hubert, écologue, directeur de recherche émérite à l’INRA et directeur d’études à l’EHESS

Gilbert Jolivet, vétérinaire, directeur de recherche honoraire à l’INRA, membre de l’Académie d’Agriculture de France

Frédéric Joulian, éthologue et anthropologue, enseignant-chercheur à l’EHESS

Etienne Landais, zootechnicien, directeur de recherche honoraire à l’INRA et directeur général honoraire de Montpellier SupAgro

Guillaume Lebaudy, ethnologue, chercheur à l’Université Aix-Marseille

Bernadette Lizet, ethnologue, directrice de recherche honoraire au CNRS et au Muséum National d’Histoire Naturelle

Michel Meuret, écologue, directeur de recherche à l’INRA

André Micoud, sociologue, directeur de recherche honoraire au CNRS

Danielle Musset, ethnologue, chercheur à l’Université Aix-Marseille

Pierre-Louis Osty, agronome, directeur de recherche honoraire à l’INRA

Michel Petit, économiste, professeur à l’Institut agronomique méditerranéen de Montpellier, ancien directeur du Département Agriculture et Développement rural à la Banque Mondiale, membre de l’Académie d’Agriculture de France

Carlo Petrini, sociologue, fondateur et président de Slow Food International

Xavier de Planhol, géographe, professeur émérite à l’Université Paris-Sorbonne, membre de l’Academia Europaea

Sylvain Plantureux, agronome, professeur à l’Université de Lorraine

Jocelyne Porcher, sociologue, directrice de recherche à l’INRA

Daniel Travier, ethnologue, fondateur-conservateur du Musée des vallées cévenoles

Pierre-Marie Tricaud, agronome paysagiste à la Fédération Française du Paysage

Marc Vincent, zootechnicien à l’INRA

English version

A Plea for Ecosystems not to be abandoned by Herders

Many of France’s most emblematic landscapes—high mountain ranges, hills, patchworks of hedged meadows, and wetlands—have been shaped over the course of centuries through farming practices. Our urban societies increasingly appreciate the beauty and vitality of these areas. Ecosystems, however, can deteriorate rapidly if not maintained, notably by proper grazing activities. And now, pastoralists in many regions are suffering from wolves attacking their flocks of sheep and goats. What can be done? The gravity of the situation requires urgent action, both in the field and at the regulatory level.

Wolves are classified as an endangered species in Europe and are thus strictly protected. In the vast northern regions of North America and Eurasia, they are regarded as a “keystone species,” essential to and indicative of a healthy wilderness, whether protected or restored. In France, however, where our geography and history are very different, wolves develop their opportunistic behavior—on occasion, they no longer “regulate” weak or sick wild animals and instead attack healthy flocks of domestic sheep and goats. Paradoxically, wolves, covered by their protected species status, are threatening pastoral livestock rearing, which is among farming activities one of the most respectful of biodiversity, and a provider of a variety of ecosystem services.

Since 1992, European policies have sought to promote and support the management of agro-pastoral areas, as having resisted the large trend toward the homogenization of landscapes and the industrialization of conventional agriculture. As a result, many remarkable species —such as rock partridge, red grouse, Alpine ibex, bearded vulture, and many others— found safe habitats in these areas. Pastoral activities maintain mosaics of natural swards, shrublands and wooded grasslands, thus providing and renewing many amenities for those who appreciate flowering plants, insects, reptiles, and amphibians. This biodiversity is also domestic, including for instance rare breeds such as the Raïoles, Brigasques, and Mourerous sheep and the Rove and Poitou goats, which livestock farmers strive to conserve. Both within and outside of national and regional parks, in protected areas as well as in “ordinary” nature, the conservation of wild and domestic biodiversity is a single and common struggle.

The wolf issue is now present at the national level. Well established throughout the Alps, wolves have now spread to Jura, Vosges, and eastern Pyrenees; they have now reached the south-central mountains, as well as the plains of northeastern France. Official counts in 2014 found 27 packs of wolves, two-thirds of which were in the Southern Alps. The population has reached 300 adult wolves in more than 20 French departments, with a growth rate of 20% per year. Each year, officially reported losses amount to 20-25 sheep or goats killed on average by each adult wolf, an impressive tally. Wolf attacks have likewise been reported on heifers, calves and horses. Attacks mostly occur in the high mountains, but are known as well in the foothills, and even in the meadows and fields at the bottom of valleys.

How have we gotten to this point? Should we attribute this rising toll to the growing passivity of farmers and herders? To do so would be to offend them. Since 1994, a variety of protection measures have been proposed by France and implemented by farmers and herders. In the Alps, more than 2000 livestock guard dogs have been acquired and put to work. Where possible, shepherds have taken to penning their flocks within electrified fences every night, and assistant herders have strengthened surveillance. Have these measures proven effective? Wolf attacks seemed to diminish between 2006 and 2009. Since then, however, nothing seems to work. Despite increased protection efforts, losses have doubled in four years.

While farmers and herders have modified their practices, so too have the wolves, and the wolves seem to be winning. Despite guard dogs, wolves now attack in the daytime as well as at night. Even more worrying, the presence of humans no longer appears to be dissuasive. Wolves have learned that they can make their attacks without risk, even near roads and houses. These are behavioral changes that could have been predicted. They have been known for many years in the Western United States, where Wildlife Agencies struggle sometimes daily with the perverse effects of the total protection of some animal species. Encouraging large fauna to maintain their wild behaviors in this day and age demands attentive, even vigorous intervention.

The conclusion seems unavoidable: even the most elaborate protection measures have lost their effectiveness in just a few years. An array of complementary techniques have been proposed, including illuminated flares, ultrasonic devices, noisemaking drones, and others. These are more likely to frighten the flocks than the predators. Wolves are smart and inventive. The European strategy of coexistence for pastoral activities and protected predators has failed and must be reconsidered. Above and beyond the financial costs, the ecological and human consequences are mounting and are necessarily interconnected.

France has made a commitment to UNESCO to protect the cultural landscapes of agro-pastoralism in the Causses and the mountain range of Cévennes, as inscribed on the World Heritage List. There, as elsewhere in France, the retreat of pastoralist activities will give rise to the overgrowth of plants that come to dominate landscapes and thus loss of diverse habitats required by a multitude of protected species. This is not to call for a status quo: landscapes are living and their inhabitants never cease to evolve. Some groups who previously advocated “coexistence” are now calling for the withdrawal of pastoral activities. But the French countryside is not comparable in terms of size, history and human density to the Western United States. Farmers and shepherds of France do not deserve to be disqualified and dispossessed. Committed, passionate, inspired by their respect for the living world, these men and women are engaged in demanding work for modest returns.

Is there still time to re-design a future for these lands? To prevent the eviction of small farmers providing local, quality agricultural products while maintaining the vitality of diverse and appealing landscapes? Can we still convince wolves to remain “wild” by enjoining them to keep their distance from livestock activities?

Our societies need diverse ecosystems and healthy landscapes. Many of these function and are continually being renewed thanks to the careful work of herders and livestock farmers. Their situation is becoming increasingly untenable, as a major element of our heritage is being put in peril by wolves. An effective regulation is essential. It is late. Not too late, hopefully.

Original Edition (in French) – October 13 2014 : http://www.liberation.fr/terre/2014/10/12/plaidoyer-pour-des-ecosystemes-non-desertes-par-les-bergers_1120258

Versión española

Alegato por unos Ecosistemas no abandonados por los Pastores

Nuestros emblemáticos paisajes de montañas, colinas, matorrales y marismas están constituidos por un mosaico de lugares transformados desde hace siglos por las prácticas agrícolas. La vitalidad de estos espacios cada vez más apreciados por nuestra sociedad urbanizada se degrada rápidamente cuando no son mantenidos, cosa que hacen sobre todo los rebaños al pastar. Sin embargo, en muchas regiones los rebaños sufren el asalto de los lobos. ¿Qué hacer? La gravedad de la situación demanda la adopción de medidas urgentes, tanto sobre el terreno como en la reglamentación.

Considerados en peligro en Europa, los lobos son una especie estrictamente protegida. En el Norte de América y de Eurasia son considerados como la piedra dovela de los ecosistemas, indicador de que la naturaleza permanece salvaje o vuelve a serlo. En Francia, donde la geografía y la historia son bien diferentes, los lobos manifiestan un comportamiento oportunista. Según la ocasión, pasan de tener una función « reguladora » de animales salvajes, débiles o enfermos, a atacar rebaños de ganado en perfecta salud. Paradójicamente, la ganadería de montaña es una de las prácticas agrícolas más respetuosa con la biodiversidad, reconocida como productora de una variedad de servicios a los ecosistemas, y que los lobos, con ese estricto estatus de protección, amenazan con hacer desaparecer.

Desde 1992, las directrices europeas se encaminan a promover la gestión de los espacios agro pastorales, que han resistido a la banalidad y artificialidad que la agricultura convencional hizo del paisaje. De hecho, han dado refugio a especies destacadas como la perdiz griega, la perdiz nival, la cabra montesa, el quebranta-huesos… El mosaico de praderas, landas y soto bosques mantenido por los pastos ofrece gran interés para los amantes de las flores, insectos, reptiles y batracios. Y esta biodiversidad es también doméstica: las ovejas Rayolas, Brigascas y Mourerous, las cabras del Rove o del Poitou, que los ganaderos insisten en conservar. Tanto en los Parques Nacionales o regionales como en las reservas o en la naturaleza en general, la preservación de las biodiversidades, tanto salvaje como doméstica, se alinea en un mismo combate.

El problema es ahora nacional. Instalados por todos los Alpes, los lobos han llegado ya al Jura, los Vosges, el este de los Pirineos, así como a Ardèche, a Lozère, al Cantal y el Aveyron, a las llanuras de Lorena y Champagne. Los recuentos oficiales en 2014 contabilizan 27 manadas, dos tercios están en los Alpes del Sur. La población es hoy día de 300 lobos adultos en más de una veintena de ‘départements’ franceses, con un crecimiento de un 20% por año. Cada año, las pérdidas oficiales vienen a ser de veinte a veinticinco ovejas o cabras muertas por cada lobo adulto, lo que es una cantidad considerable. Los ataques se extienden a terneras y caballos. Tienen lugar en las majadas de montaña pero también en las llanuras, en los valles, hasta en los prados.

¿Cómo se ha podido llegar a esto? ¿Debemos atribuir este aumento creciente de pérdidas a la desidia de los ganaderos? Decir esto sería un insulto. Desde 1994 se propusieron a ganaderos y pastores medidas de protección que éstos pusieron en practica. En los Alpes se compraron más de dos mil perros de presa. Los pastores se esforzaron en lo posible por llevar cada noche sus rebaños a rediles electrificados, pastores de refuerzo han ampliado la vigilancia. Y estas medidas ¿han tenido eficacia? Entre 2006 y 2009 pareció haber un periodo de calma pero luego las cosas fueron a peor. A pesar del aumento de las medidas de protección, en cuatro años las pérdidas se han duplicado…

Si los ganaderos y pastores han adaptado su modo de trabajo, los lobos también y, por lo que parece llevan las de ganar. Aun con la presencia de perros de presa, atacan ya tanto de día como de noche. Lo más preocupante es que la presencia humana ya no les disuade. Los lobos han comprendido que pueden atacar sin riesgo para ellos tanto al lado de carreteras como de lugares habitados. Es un cambio de comportamiento que era previsible. Se sabe hace tiempo en Estados Unidos, en las proximidades de los Parques Nacionales, donde los que los gestionan luchan cotidianamente contra los efectos perversos de la protección integral de las especies. Incitar a la fauna mayor a conservar un comportamiento salvaje en nuestros países exige una regulación atenta y a veces vigorosa.

Una conclusión se impone: los dispositivos de protección mejor elaborados se han devaluado en unos pocos años. Se han propuesto técnicas complementarias, bengalas, generadores de ultrasonidos, drones sonoros… Asustan seguramente más al ganado que a los depredadores. Los lobos son inteligentes e inventivos. La estrategia europea de coexistencia de las actividades ganaderas junto con la protección de grandes depredadores ha fracasado y debe ser puesta en cuestión. Más allá de los costes financieros, los problemas ecológicos y humanos se amplifican y permanecen indisociables.

Francia se comprometió en la UNESCO a preservar los paisajes culturales del agro pastoralismo de Causses y de Cévennes declarados Patrimonio Mundial de la Humanidad. En Cévennes, como en otros puntos del país, la recesión de las actividades de pastoreo implicará el abandono y la degradación del hábitat de muchísimas otras especies protegidas. Esta perspectiva no lleva evidentemente a un statu quo: los paisajes son algo vivo, sus actores no han dejado de evolucionar. Ciertas asociaciones que ayer defendían la « cohabitación  » reclaman hoy el repliegue de la ganadería de montaña. Pero nuestro país no es ni Wyoming ni Montana. Los ganaderos y pastores de Francia no merecen verse así descalificados, desposeídos. Son hombres y mujeres apasionados, implicados en el respeto a lo vivo, que se metieron en un oficio exigente y poco remunerado.

¿Aún estamos a tiempo de trazar un futuro para el campo? ¿De impedir la desaparición de los campesinos que fabrican productos locales de calidad al tiempo que dan vida a esos paisajes diversificados y acogedores? ¿Podemos todavía incitar a los lobos a seguir siendo « salvajes » pero pidiéndoles que guarden las distancias con las actividades ganaderas?

Nuestra sociedad necesita ecosistemas y paisajes diversificados. Un buen número de ellos funcionan y se renuevan gracias al trabajo meticuloso de pastores y ganaderos. Pero la situación para ellos se hace insostenible, un patrimonio mayor está a punto de ser siniestrado por los lobos. Se impone una verdadera regulación. Es bastante tarde. Quizás no sea demasiado tarde.

Artículo de prensa publicado el 13 de octubre de 2014 Por el diario Libération.

Edición original en francés: http://www.liberation.fr/terre/2014/10/12/plaidoyer-pour-des-ecosystemes-non-desertes-par-les-bergers_1120258

Versione italiana

Un appello a difesa degli ecosistemi non abbandonati dai pastori

I nostri paesaggi più emblematici, costituiti da montagne, colline, boschi, siepi, filari e zone umide sono composti da un mosaico di luoghi plasmati nel corso dei secoli dalle pratiche agricole. La vitalità di queste aree, sempre più apprezzate dalle nostre società urbanizzate, si degrada rapidamente in special modo ove viene a mancare l’attività del pascolo. È ormai noto che, in numerose regioni, gli allevamenti sono sottoposti all’assalto dei lupi. Cosa fare? La gravità della situazione richiede l’adozione di misure di emergenza, sia direttamente sul campo che in ambito normativo.

I lupi, considerati specie a rischio di estinzione in Europa, sono una specie rigorosamente protetta. Nelle regioni nordamericane così come in quelle eurasiatiche, essi sono considerati alla stregua di una “specie chiave di volta” degli ecosistemi, indicatrice di una natura rimasta selvaggia o rinselvatichita. In Francia, dove la geografia e la storia sono molto diverse, i lupi mostrano invece il loro comportamento opportunistico. Quando si presenta l’occasione, trascurano la loro funzione di « regolatori » della fauna selvatica, indebolita o malata, e finiscono con l’attaccare greggi e mandrie in perfetta salute. Paradossalmente è proprio la pastorizia, una delle attività agricole più rispettose della biodiversità, cui si riconosce peraltro un importante ruolo nella fornitura di una vasta gamma di servizi ecosistemici, che i lupi, sotto ferma protezione, stanno minacciando di scomparsa.

Dal 1992, varie direttive europee hanno promosso la gestione delle aree agropastorali, ovvero quelle che hanno resistito alla semplificazione dei paesaggi e all’artificializzazione indotta dall’agricoltura convenzionale. In realtà, molte specie di notevole pregio vi trovato rifugio: coturnìci, pernici bianche, stambecchi, gipeti, ecc. I mosaici di prati, steppe e brughiere, gestite con il pascolamento offrono e rinnovano svariati tipi di attrazioni anche per chi apprezza fiori, insetti, rettili e anfibi. Questa biodiversità è altresì domestica e include, tra le altre, razze ovine locali come le raïoles delle Cevenne, le brigasche e le mourerous, oltre che le capre di Rove e di Poitou, mantenute dal tenace impegno di alcuni allevatori. Nei parchi nazionali e regionali, nelle riserve e nelle altre aree naturali, la tutela della biodiversità selvatica e di quella domestica sono accomunate nel medesimo impegno.

La questione è diventata di portata nazionale. Diffusi in tutto l’arco alpino, i lupi hanno ormai conquistato il Giura, i Vosgi, i Pirenei orientali, fino ad arrivare nelle regioni dell’Ardèche, della Lozère, fino al Cantal e all’Aveyron, passando per le pianure di Lorena e Champagne. I rilievi ufficiali, per il 2014, contano ventisette branchi, i due terzi dei quali nelle Alpi Meridionali. La popolazione è di 300 lupi adulti in oltre venti provincie, con un incremento annuale del 20%. Ogni anno, le perdite registrano il dato non trascurabile di 20-25 pecore o capre uccise in media da ogni lupo adulto. Gli attacchi si estendono anche a giovenche, vitelli e cavalli. Si svolgono nei pascoli, ma anche nelle brughiere, in collina e nelle valli, nei boschi e nei pascoli.

Come siamo arrivati fino a questo punto? Dovremmo attribuire questo flusso costante di perdite all’inerzia degli allevatori? Sarebbe come insultarli. Dal 1994 varie misure di protezione sono state offerte ad allevatori e pastori, che le hanno prontamente messe in atto. Nelle Alpi sono stati acquistati più di duemila cani pastore per la protezione delle greggi. I pastori si sono impegnati, per quanto possibile, a raccogliere le loro greggi ogni sera nei parchi chiusi da reti elettrificate, gli aiutopastore hanno rafforzato la sorveglianza. Tali misure si sono rivelate efficaci? Dopo una tregua tra il 2006 e il 2009, a nulla sono valsi ulteriori sforzi! Nonostante una protezione rafforzata, le perdite sono raddoppiate in quattro anni.

Allevatori e pastori hanno adattato le loro pratiche, ma anche i lupi lo hanno fatto e, a quanto pare, sono questi ultimi che stanno avendo la meglio. Nonostante i cani da guardia, i lupi si sono spinti ad attaccare anche in pieno giorno oltre che di notte. Desta maggiore preoccupazione anche il fatto che, talora, neanche la presenza umana sia più in grado di scoraggiarli. I lupi hanno saggiato il vantaggio di attacchi ripetuti senza rischi, spingendosi fino ai bordi delle strade o in prossimità delle abitazioni. Si tratta di un cambiamento di comportamento ampiamente previsto. Già da tempo era noto negli Stati Uniti, dove i ranger lottano quotidianamente, sia dentro che nelle vicinanze dei parchi nazionali, contro gli effetti negativi della piena tutela delle specie protette. Incoraggiare i grandi mammiferi a mantenere un comportamento selvaggio nei nostri territori richiede un controllo molto più attento, perfino vigoroso.

Bisogna trarne una conseguenza: anche i dispositivi di protezione più complessi hanno perso efficacia in pochi anni. Varie tecniche complementari sono state proposte, compresi razzi luminosi, generatori di ultrasuoni, droni sonori. Tutti strumenti efficaci più per terrorizzare le greggi che per mettere in fuga i loro predatori. I lupi sono intelligenti e reattivi. La strategia europea di coesistenza delle attività zootecniche e di questo grande predatore ha fallito e deve essere rimessa in discussione. Al di là dei costi finanziari, le questioni ambientali e umane hanno oggi una portata più ampia e restano imprescindibili.

La Francia si è impegnata con l’UNESCO a preservare i paesaggi culturali dell’agropastoralismo di Causses e Cevenne come Patrimonio Mondiale dell’Umanità. Nelle Cevenne, come altrove in Francia, il declino delle attività pastorali causerà il rimboschimento e il degrado di habitat preziosi per una miriade di altre specie protette. Questa prospettiva chiaramente non può essere limitata alla musealizzazione dello status quo: i paesaggi sono vivi, i loro attori non hanno smesso di evolversi. Alcune associazioni, che in un passato recente sostenevano la « convivenza », oggi chiedendo la completa dismissione della pastorizia. Ma il nostro paese non è né il Wyoming né il Montana. Gli allevatori e i pastori francesi non meritano di essere dequalificati, spossessati delle loro attività. Appassionati, ispirati dal rispetto per la vita, questi uomini e queste donne si impegnano in professioni gravose, eppur poco remunerate.

Siamo ancora in tempo a ridisegnare un futuro per le nostre campagne? Ad evitare lo sfratto degli agricoltori che forniscono prodotti locali di qualità, pur sostenendo paesaggi diversificati e accoglienti? Possiamo ancora incoraggiare i lupi a rimanere “selvaggi” pur ottenendo che si mantengano a debita distanza dagli allevamenti?

Le nostre società hanno bisogno di ecosistemi e di paesaggi diversificati. Molti di questi funzionano e si rinnovano grazie al meticoloso lavoro di pastori e allevatori. Dato che la situazione è diventata insostenibile per loro, un importante patrimonio sta per essere colpito dai lupi. È necessaria una regolazione. È molto tardi. Forse non è già troppo tardi.

Edizione originale in francese – 13 Ottobre 2014 : http://www.liberation.fr/terre/2014/10/12/plaidoyer-pour-des-ecosystemes-non-desertes-par-les-bergers_1120258

Deutsch Version

Plädoyer für die Erhaltung wertvoller Ökosysteme mit unseren Schäfern

Unsere typischen Landschaften mit Bergen, Hügeln, Hecken und Feuchtgebieten bestehen aus einem Mosaik von Ökosystemen, die im Laufe der Jahrhunderte durch das Wirken der Bauern entstanden sind. Die Stadtbevölkerung schätzt die Schönheit und Vitalität dieser Gebiete zunehmend. Diese Qualität dieser Lebensräume kann verloren gehen, wenn sie nicht mehr – vor allem durch Beweidung – gepflegt werden. In vielen Gegenden aber leiden die Herden unter dem Angriff von Wölfen. Was ist zu tun? Der Ernst der Lage verlangt nach Notfallmaßnahmen in der landwirtschaftlichen Praxis und in der Gesetzgebung.

Wölfe gelten in Europa als vom Aussterben bedroht und sind daher streng geschützt. Im Norden von Amerika und Eurasien gelten sie als wesentlicher Teil der Ökosysteme. Ihr Vorkommen zeigt an, dass die Natur wieder oder noch immer wild ist. Dort sorgen die Wölfe für das ökologische Gleichgewicht. In Frankreich aber, wo Landschaft und Geschichte anders sind, tritt das ‚opportunistische‘ Verhalten der Wölfe zutage: Wenn sich die Gelegenheit bietet, ‚regulieren‘ sie nicht mehr schwache und kranke Wildtiere, sondern greifen gesunde Nutztierherden an. Paradoxerweise drohen die Wölfe, versehen mit dem Status „streng geschützt“, ausgerechnet die Weidetierhaltung zu verdrängen, die im Vergleich zu anderen landwirtschaftlichen Verfahren die Biodiversität besonders achtet und viele Leistungen für das Ökosystem erbringt.

Seit 1992 werden Gebiete und Verfahren mit Weidewirtschaft verstärkt durch die europäische Agrarumweltpolitik gefördert. Weitreichende Nutzungsaufgabe oder die künstliche Umgestaltung der Landschaft durch die konventionelle Landwirtschaft konnte verhindert werden. Tatsächlich haben viele beachtenswerte Wildtiere in diesen Gebieten Zuflucht gefunden: Steinhuhn, Moorschneehuhn, Steinbock, Lämmergeier… Das Mosaik aus Kurzrasen, Heide und Waldweiden, das durch die Beweidung aufrechterhalten wird, bietet und erhält die Attraktivität für diejenigen, die blühende Pflanzen, Insekten, Reptilien und Amphibien wertschätzen. Diese Biodiversität ist ebenfalls als heimisch zu bezeichnen und umfasst auch seltene Nutztiere wie die Schafrassen Raiole, Brigasque, Mourerous oder Ziegenrassen Rove und Poitou, um deren Erhaltung sich die Züchter bemühen. Ob in den National- oder Regionalparks, den Reservaten oder außerhalb von Schutzgebieten: Der Erhalt der Artenvielfalt – ob wild oder domestiziert – ist ein einziger und allgemeiner Kampf.

Das Problem mit den Wölfen hat sich mittlerweile auf ganz Frankreich ausgeweitet. Die Wölfe leben schon überall in den Alpen und haben ihr Gebiet auf den Jura, die Vogesen, den Osten der Pyrenäen ausgeweitet. Sie haben die Bergregionen in Zentralfrankreich wie die Ardèche, den Cantal und den Aveyron und auch die Ebenen des nordöstlichen Frankreichs wie Lothringen und die Champagne erreicht. Die offiziellen Zählungen beliefen sich 2014 auf 27 Rudel, davon 2/3 in den Südalpen. Die Population besteht demnach aus 300 erwachsenen Wölfen in mehr als 20 Departements. Die Zuwachsraten der Population liegen bei 20% pro Jahr. Man rechnet mit einem Verlust von 20-25 Schafen oder Ziegen pro ausgewachsenem Wolf und Jahr. Da kommt eine beträchtliche Menge zusammen. Übergriffe auf Färsen, Kälber und Pferde werden berichtet. Meist kommt es zu Übergriffen in Berggebieten, aber auch Berichte aus Mittelgebirgs- oder sogar Niederungsregionen liegen vor.

Wie konnte es soweit kommen? Muss man die steigenden Verluste der Untätigkeit der Tierhalter anlasten? Das hieße, ihnen unrecht zu tun. Seit 1994 wurden den Viehhaltern und Schäfern Schutzmaßnahmen vorgeschlagen, die diese auch umgesetzt haben. In den Alpen wurden über 2.000 Herdenschutzhunde eingesetzt. Die Schäfer bemühen sich, soweit möglich, ihre Herden jeden Abend in Elektrozäunen zu pferchen, Hilfsschäfer haben ihre Überwachung verschärft. Haben diese Maßnahmen Erfolg gehabt? Zwischen 2006 und 2009 schien die Zahl der Übergriffe durch Wölfe zurückzugehen. Aber seitdem scheint nichts mehr zu funktionieren! Trotz gesteigerter Schutzmaßnahmen haben sich die Verluste innerhalb von vier Jahren verdoppelt.

Viehzüchter und Schäfer haben ihre Praktiken angepasst, aber die Wölfe ebenfalls und sie sind wohl im Begriff zu gewinnen. Trotz Herdenschutzhunden greifen sie nun tagsüber und nachts an. Noch besorgniserregender ist, dass die Anwesenheit von Menschen sie nicht mehr davon abhält. Die Wölfe haben erkannt, dass sie ihre Angriffe ohne Risiko wiederholen können, selbst in der Nähe von Straßen und Siedlungen. Diese Verhaltensänderung der Wölfe wäre vorhersehbar gewesen. Denn seit langen ist sie in den USA bekannt, wo innerhalb und im Umkreis von Nationalparks die Verantwortlichen täglich mit den Auswirkungen eines totalen Artenschutzes zu kämpfen haben. Wenn Großwild seine Instinkte in unseren Ländern ausleben soll, dann ist eine aufmerksame und manchmal entschlossene Intervention nötig.

Eine Schlussfolgerung drängt sich auf: Auch ausgeklügelte Schutzmaßnahmen haben innerhalb weniger Jahre ihre Wirkung verloren. Verschiedene Ersatztechniken wurden vorgeschlagen wie z.B. Leuchtraketen, Ultraschallgeräte, oder brummende Drohnen. Sie versetzen eher die Herden als die Räuber in Panik. Wölfe sind intelligent und erfinderisch. Die europäische Strategie des Zusammenlebens von Weidevieh und großen (geschützten) Beutegreifern scheint gescheitert zu sein und muss daher neu überdacht werden. Abgesehen von den finanziellen Aufwendungen weiten sich ökologische Probleme und Probleme im Zusammenleben zwischen Mensch und Wolf aus.

Frankreich hat sich gegenüber der UNESCO verpflichtet, die durch die Weidewirtschaft entstandenen Kulturlandschaften der Causses und der Cevennen zu erhalten. Sie gehören mittlerweile zum Weltkulturerbe. In den Cevennen würde die Aufgabe der Weidewirtschaft, ebenso wie überall in Frankreich, dazu führen, dass der Lebensraum einer ganzen Reihe von geschützten Arten bedroht wäre und möglicherweise dadurch verloren gehen würde. Diese Aussicht deckt sich offensichtlich nicht mit dem heutigen Zustand: Die Landschaften leben und ihrer Bewohner hören nicht auf, sich weiter zu entwickeln. Manche Initiativen, die früher noch das „friedliche Zusammenleben“ rühmten, mahnen nun den Rückzug der Weidewirtschaft an. Allerdings ist Frankreich in mit der Weitläufigkeit, der Historie oder der Bevölkerungsdichte von Wyoming oder Montana in den USA vergleichbar. Französische Viehhalter und Schäfer verdienen es nicht, disqualifiziert und enteignet zu werden. Voller Leidenschaft und beseelt vom Respekt vor dem Leben engagieren sich diese Frauen und Männer mit ihre oft körperlich anstrengenden und vergleichsweise schlecht bezahlten Arbeit.

Haben wir noch die Zeit, für diese Regionen die Zukunft neu zu gestalten und zu verhindern, dass die Bauern aussterben, die sich bemühen, regionale Qualitätsprodukte zu erzeugen und gleichzeitig vielfältige, liebens- und lebenswerte Landschaften zu erhalten? Kann man die Wölfe noch „wild“ sein lassen und ihnen gleichzeitig deutlich machen, dass sie sich vom Weidevieh fernzuhalten haben?

Unsere Gesellschaft braucht vielfältige Ökosysteme und funktionsfähige Landschaften. Viele dieser Funktionen lassen sich nur mit Weidevieh pflegen und bewahren. Wenn die Lage für Bauern und Tierhalter aber unerträglich wird, besteht die Gefahr, dass ein bedeutendes kulturelles Erbe von den Wölfen zerstört wird. Eine effektive Regulierung ist erforderlich. Es ist spät. Vielleicht ist es aber noch nicht zu spät.

Originalausgabe (französisch) – 13 Oktober 2014 : http://www.liberation.fr/terre/2014/10/12/plaidoyer-pour-des-ecosystemes-non-desertes-par-les-bergers_1120258